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MILITER POUR LES FEMMES OU MILITER POUR L'IMAGE ? LES DEUX FACES DE LA LUTTE FÉMINISTE EN HAÏTI

 MILITER POUR LES FEMMES OU MILITER POUR L'IMAGE ? LES DEUX FACES DE LA LUTTE FÉMINISTE EN HAÏTI  Parmi les 165 pays dotés de lois contre la violence domestique, seuls 104 disposent d'une législation exhaustive sur la violence domestique. Et cette forme de violence est l'une parmi tant d'autres auxquelles les femmes font face tous les jours dans le monde.  Les violences faites aux femmes revêtent une pluralité de formes, qui vont bien au-delà de l’agression physique. Il s’agit d’un phénomène global, systémique, qui touche toutes les sphères de la vie sociale : familiale, professionnelle, politique et intime. Parmi les types les plus répandus, on retrouve les violences physiques, sexuelles, psychologiques, économiques, institutionnelles et même symboliques. Ces violences, souvent imbriquées les unes aux autres, traduisent un déséquilibre de pouvoir profondément ancré dans les structures patriarcales de nombreuses sociétés. Qu’elles soient commises dans le silence du foye...

Quand la maternité devient un motif d’exclusion : une injustice au sein de la PNH

Quand la maternité devient un motif d’exclusion : une injustice au sein de la PNH


Ce, 15 avril 2025, le Corps des Brigades d'Intervention Motorisées (CBIM) de la Police Nationale d'Haïti a pris une décision choquante : exclure automatiquement toute policière de la 34e promotion qui tomberait enceinte dans les dix-huit mois après son intégration. Cette mesure, franchement révoltante, soulève d'énormes questions sur les droits humains, l'égalité hommes-femmes et le respect des engagements pris par Haïti sur la scène nationale et internationale. Décortiquons ensemble cette directive discriminatoire et ses conséquences à tous les niveaux.

Depuis quand la maternité est-elle devenue un motif d’indignité ou d’inefficacité dans les forces de sécurité publique ? C'est pourtant un pilier fondamental de notre existence ! Et voilà que certaines institutions la voient comme un frein à l'efficacité professionnelle. La directive récente du CBIM, qui écarte sans ménagement les policières attendant un enfant peu après leur intégration, n'est pas juste préoccupante - elle est scandaleuse !

Les femmes ne cessent de prouver continuellement leur place dans ce corps de métier socialement construit comme un métier d’homme. C’est un vrai parcours de combattant pour elles d’intégrer l’institution policière haïtienne et encore plus d’y faire carrière. Et voilà maintenant qu’on veut les punir pour avoir choisi de donner la vie. Les policières, tout comme leurs homologues masculins, ont le droit de fonder une famille sans craindre de perdre leur emploi ou d’être exclues d’un poste de travail. 

Cette directive discriminatoire constitue une violation manifeste des droits fondamentaux garantis par la Constitution haïtienne et les engagements internationaux du pays. La Constitution de 1987, dans ses articles 17, 18 et 19, établit l’égalité entre tous les citoyens, sans distinction de sexe, et garantit le droit au travail et à la non-discrimination. De plus, Haïti a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) en 1981, qui oblige les États parties à éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans le domaine de l’emploi, notamment en interdisant le licenciement ou toute autre forme de punition en raison de la grossesse ou du congé de maternité. En outre, le Code du travail haïtien prévoit des dispositions spécifiques pour la protection de la maternité, telles que le droit à un congé de maternité payé. 

Ainsi, cette directive du CBIM est non seulement illégale au regard du droit national, mais elle contrevient également aux obligations internationales d’Haïti en matière de droits des femmes. Cette mesure ne fait pas que discriminer, elle institutionnalise la discrimination basée sur le genre, en punissant les femmes pour des choix biologiques et personnels. Elle crée un environnement de travail hostile, où les policières doivent choisir entre leur carrière et leur droit à la maternité. Cela perpétue des stéréotypes sexistes et entrave la progression professionnelle des femmes dans les forces de l’ordre.
Il est impératif que les autorités compétentes, notamment la Direction Générale de la PNH et le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, interviennent pour annuler cette directive discriminatoire. Des politiques inclusives doivent être mises en place pour garantir un environnement de travail équitable, respectueux des droits des femmes et conforment aux engagements internationaux d’Haïti.

La maternité ne devrait jamais être un motif d’exclusion, mais plutôt un aspect de la vie que les institutions doivent accompagner et protéger. En tant que citoyenne engagée et féministe, je me joins à toutes les voix qui s’élèvent contre cette décision injuste et appellent à une réforme urgente des politiques institutionnelles pour garantir les droits des femmes au sein de la PNH.

Auteure : Geraldine Lucea Laurent




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