Le Symbolisme de Bois-caïman dans l'identité nationale

 

Le Symbolisme de Bois-caïman dans l'identité nationale

Après plus d’un siècle de colonisation française de la partie occidentale de l’île, la République

d’Haïti émergea en tant que première nation noire indépendante du monde, provoquant la chute

de l’armée napoléonienne et, par la même occasion, renversant un système esclavagiste

solidement ancré à l’échelle mondiale. Cette domination coloniale fut marquée par un modèle

économique fondé sur l’exploitation servile de la population noire, institutionnalisée par le Code

noir promulgué par le roi Louis XIV en 1685.


L’esclavage fut le pilier central de l’économie coloniale de Saint-Domingue, perçue à l’époque

comme la plus prospère des possessions françaises, en raison de ses vastes plantations sucrières,

caféières et cotonnières. Ce système brutal, organisé et institutionnalisé, arracha violemment nos

ancêtres à leur terre natale, l’Afrique. De nombreux peuples et ethnies, parmi lesquels les

Aradas, les Mandingues, les Soussous, les Yorubas et les Congos, furent ainsi déracinés, séparés

de leurs familles, déshumanisés et contraints à une vie d’asservissement sur les plantations

coloniales.


Cette entreprise d’exploitation trouve ses racines dans la bulle pontificale Romanus Pontifex,

émise en 1455 par le pape Nicolas V, qui légitimait l’expansion européenne et l’asservissement

des peuples non chrétiens, ouvrant ainsi la voie à plusieurs siècles de traite négrière et de

colonisation.


Après plus d’un siècle d’esclavage, nos ancêtres furent maltraités, martyrisés, soumis aux pires

sévices corporels par des colons réactionnaires, réfractaires et profondément racistes. La

colonisation, dans la partie occidentale de l’île, reposait sur le Code noir, instrument juridique

qui maintenait les esclaves dans un système d’exploitation totale, appuyé par des outils de

domination où la religion , principalement l’Église catholique romaine , jouait un rôle central.

Dans ce contexte d’oppression, nos ancêtres, dotés d’une ingéniosité à nulle autre pareille,

créèrent une langue nouvelle pour faciliter la communication entre les différents peuples arrachés

à leurs terres ancestrales. Cette langue devint un outil d’unité et de résistance.


Dans la nuit du 14 au 15 août 1791, dans une localité nommée Bois-Caïman, non loin de la ville

du Cap-Haïtien, le respecté Dutty Boukman et ses compagnons organisèrent une cérémonie

religieuse inspirée de nos croyances ancestrales. Cet événement visait à harmoniser les

différentes tribus d’où provenaient les esclaves, et il devint le catalyseur du soulèvement général

contre le joug colonial. Ce fut l’étincelle qui embrasa la colonie de Saint-Domingue et ouvrit la

voie à la guerre de l’indépendance d’Haïti.


Cette cérémonie historique constitua, dans le monde d’alors, le premier signal de rupture contre

le système politico-économique dominant, fondé sur l’esclavage et l’exploitation des pays tiers

par les puissances colonisatrices européennes.


Auteur : Wilfrid Joseph

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