L’État, entre vocation régalienne et dérive narco-trafiquante

L’Etat Haïtien, entre vocation régalienne et dérive narco-trafiquante

L’État, comme l’avait envisagé John Locke, apparaît comme un Léviathan dont la mission est de réguler et d’harmoniser la vie en société. En tant que sujets de droit au sein d’un État, nous cédons une part de notre liberté à la collectivité afin que celle-ci assure la sécurité et le bien-être communs. À ce titre, l’État dispose de prérogatives régaliennes, notamment la sécurité intérieure et extérieure, la justice. 

Or, l’État haïtien traverse aujourd’hui une crise existentielle qui conduit nombre d’observateurs à remettre en question son rôle et son efficacité au sein de la société haïtienne. Au début de l’année 2025, Donald Trump a qualifié l’État haïtien d’« État terroriste », en mettant en avant l’implication supposée de certains fonctionnaires dans les activités des gangs armés. Cette qualification a déclenché un débat public intense et inédit.

Plus récemment, des responsables de la sécurité américaine  dont Patel, le directeur du FBI, et le président des États-Unis ont parlé d’Haïti comme d’un « État narco-trafiquanthttps://x.com/lucknews88/status/1968408071249576363?s=46&t=D4dA8SJLnwKoAZTZ9GtsLQ ». Cette désignation signifie soit que l’État collabore avec des réseaux narcotrafiquants, soit qu’il sert de plateforme de transit pour des produits illicites. Selon ces accusations, Haïti favoriserait le passage de cargaisons de stupéfiants à destination des États-Unis. Pour la nation, cette nouvelle est un coup dur.

D’une part, cette situation révèle la faiblesse structurelle de l’État : incapacité de l’appareil répressif à contrôler les territoires, passivité ou compromission d’agents publics, et ascension des groupes armés. On observe que, faute d’une réponse étatique ferme et coordonnée, les gangs ont progressivement étendu leurs activités  y compris le trafic et le transit de drogues. Cela soulève en outre la question d’un niveau élevé de corruption qui mine l’action publique : l’État qui devrait garantir la justice se retrouve démuni face à la montée des violences.

Les conséquences pour la société haïtienne sont potentiellement dévastatrices. Au-delà des mesures punitives qui pourraient être prises au plan international sanctions économiques, restrictions de circulation, blacklistage , en ce sens,  ce sont d’abord les citoyens qui pâtiront. Des sanctions pourraient compliquer les déplacements, fragiliser les projets personnels et collectifs, et aggraver la précarité économique. Nos compatriotes à l’étranger, notamment ceux protégés par des statuts temporaires comme le TPS aux États-Unis, se retrouveraient dans une situation d’incertitude accrue. Par ailleurs, la libre circulation des personnes, des biens et des services au sein de la CARICOM pourrait être entravée si des mesures concertées étaient adoptées contre Haïti.

En somme, la situation évolue négativement : l’État, garant de l’ordre et de la cohésion sociale, se trouve à genoux, tandis que les gangs dominent sur la terre et la mer, et peut être dans les jours prochains, ils domineront les cieux.  Le peuple haïtien se retrouve livré à lui-même ; il est urgent de réagir. Un État qualifié de narco-trafiquant s’expose à des sanctions qui frapperont prioritairement sa population. Face à cette menace, seule une réponse nationale ferme, transparente et soutenue par la communauté internationale permettra d’enrayer la spirale.

Auteur : Eduardo MASSENA

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