Haïti en dérive : dignité humaine contre misère imposée
Haïti en dérive : dignité humaine contre misère imposée
En Haïti, actuellement, nous sommes tous préoccupés par la situation de nos
frères et sœurs qui vivent dans les camps. Cette réalité est la conséquence
directe de la terreur imposée par les gangs depuis plus de trois années
consécutives. Ces camps, souvent improvisés par la population, regroupent des
personnes issues de localités différentes, avec des cultures et des valeurs
diverses. Selon les rapports publiés par l’OIM, l’ONM et d’autres instances concernées,
le nombre de déplacés internes dépasse aujourd’hui le million.
Une question essentielle se pose : comment
vivent ces personnes au quotidien dans ces camps ? Plusieurs rapports et
enquêtes, notamment celles publiées par AyiboPost, révèlent que nos jeunes
filles y subissent régulièrement des violences sexuelles et physiques. Nos
jeunes femmes sont constamment exposées aux agressions et aux abus. Cette
situation dramatique ressemble à un tunnel sans fin, une lutte perpétuelle,
d’autant plus que l’État, censé être le garant de la protection des plus
vulnérables, semble totalement absent.
Un autre aspect interpelle : l’ONM et
d’autres institutions ont fourni une aide dérisoire aux victimes. D’après
plusieurs sources, il leur a été remis une somme de 100 000 gourdes pour
quitter l’espace du lycée Anténor Firmin. Or, la somme initiale aurait été
d’environ 250 000 gourdes, mais les bénéficiaires finaux n’en reçoivent qu’une
partie infime. Comment peut-on croire qu’avec 100 000 gourdes, une famille
puisse trouver un logement décent en Haïti ? Imaginons le cas d’un propriétaire
dont la maison a été détruite par les gangs : comment cette maigre somme
pourrait-elle suffire à reloger sa famille ?
Même si cette aide pouvait sembler utile,
une autre question surgit : ces montants sont-ils versés pour véritablement
aider ces familles ou simplement pour se débarrasser d’elles ? L’État a-t-il
réellement pris en compte la réalité du marché locatif et les conditions de vie
dans le pays ? Dans certains camps, des individus s’improvisent « propriétaires
», contrôlent les chambres et décident qui peut y vivre ou non. Toute aide
destinée aux victimes doit d’abord passer par eux, qui imposent leurs propres
règles.
Un exemple concret illustre ce
dysfonctionnement : un projet d’assainissement oblige les victimes à nettoyer
les rues en échange de 5 000 gourdes chaque samedi. En théorie, cela représente
environ 20 000 gourdes par mois. Mais les « chefs » des camps exigent leur
part, et au final, les bénéficiaires ne touchent que 2 500 gourdes par semaine,
soit 10 000 gourdes par mois. Ainsi, même dans la misère, une hiérarchie
s’installe : victimes des gangs elles aussi, certaines personnes dominent et
exploitent leurs semblables.
La détresse de nos compatriotes ne
s’arrête pas là. L’hygiène, élément vital, est gravement compromise. Dans ces
camps surpeuplés, l’eau, l’électricité et la nourriture sont devenues des luxes
inaccessibles. Selon les témoignages, l’État a fourni des toilettes mobiles
ainsi que des travailleurs chargés de leur entretien. Pourtant, des
pseudo-gardes qui se proclament leaders imposent une taxe de 15 gourdes par
passage, et, pire encore, certains obligent les habitants à utiliser des
sachets en guise de toilettes.
Comment comprendre, en plein XXIe siècle,
qu’une telle situation existe dans la capitale d’un pays ? Le bien-être de la
population devrait être la priorité absolue de l’État. Or, pendant que nos
dirigeants mènent une vie de rêve, la population est livrée à elle-même.
Comment espérer un avenir sain si nos enfants et nos jeunes n’aspirent qu’à
fuir vers les pays de dirigeants corrompus ? Comment imaginer un futur meilleur
lorsque des milliers de nos compatriotes survivent dans les camps, dans
l’indignité la plus totale ? Comment croire en un avenir glorieux alors que,
même dans la misère, l’État et une poignée de privilégiés s’enrichissent,
pendant que le peuple s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’abîme ?
Auteur : Eduardo MASSENA
politologue, Juriste
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