Haïti : quand la violence cesse d’être un choc pour devenir un système
Haïti : quand la violence cesse d’être un choc pour devenir un système
En Haïti, la violence ne surprend plus. Elle ne provoque plus l’indignation collective qu’elle méritait autrefois. Elle s’est installée, progressivement, silencieusement, jusqu’à devenir un élément presque ordinaire du paysage national. Ce glissement est l’un des drames les plus profonds que traverse le pays : la violence n’est plus seulement subie, elle est intégrée.
Chaque jour, enlèvements, affrontements armés, déplacements forcés et exécutions sommaires s’ajoutent à l’actualité comme de simples faits divers. Cette répétition a un effet corrosif : elle banalise l’inacceptable. Lorsque la peur devient routinière, la société entre dans une forme de résignation dangereuse, où survivre remplace l’idée même de vivre ensemble.
Cette intégration de la violence est d’abord le symptôme d’un État en retrait. Là où l’autorité publique s’efface, d’autres forces s’imposent. Les groupes armés ne contrôlent pas seulement des territoires ; ils dictent des règles, organisent une économie parallèle et instaurent une justice fondée sur la peur. La violence devient alors un instrument de pouvoir, un langage politique, parfois même un moyen de régulation sociale.
Mais le phénomène dépasse largement la sphère sécuritaire. Il touche au psychologique et au culturel. Une génération entière grandit en associant l’arme à feu à l’autorité, la force brute à la réussite, la mort à une statistique. Cette normalisation est peut-être la plus grande victoire de la violence : elle colonise les esprits avant même de contrôler les rues.
Plus inquiétant encore, la violence est désormais rentable. Kidnappings, trafics, extorsions et contrôles de routes nourrissent une économie de la peur qui profite à certains tout en écrasant la majorité. Dans ce contexte, la violence n’est plus seulement une conséquence du chaos ; elle en devient le moteur.
Le coût humain est immense. La confiance se délite, le lien social se fracture, la solidarité recule. Chacun se replie sur son cercle, son quartier, sa survie. Or, une nation ne se construit pas dans la méfiance permanente. Sans confiance, il n’y a ni projet collectif, ni avenir commun.
Pourtant, reconnaître cette réalité n’est pas céder au fatalisme. Comprendre que la violence s’est intégrée au système haïtien est une étape nécessaire pour la combattre efficacement. La réponse ne peut être uniquement militaire. Elle doit être morale, institutionnelle, éducative et économique. Elle doit redonner à la vie humaine sa valeur, à la loi sa légitimité et au citoyen sa dignité.
Haïti ne manque ni de courage ni de résilience. Mais elle a aujourd’hui besoin d’un sursaut de conscience. Tant que la violence sera perçue comme normale, elle continuera de régner. La paix, elle, commence toujours par un refus collectif de l’inacceptable.
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